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Philippe Djian
Bijou bijou, te réveille pas surtout…

Enivrés de l’instant présent, les héros de Djian demeurent interdits fasse à l’éphémère qui se casse la gueule. 

Se réadapter au cours d’une vie dite normale, la famille, ses montagnes russes, l’argent qui file entre les doigts, les petits boulots et les amitiés indéfectibles, Philippe Djian connaît bien. C’est même son terrain de jeu privilégié : les types réglos qui conduisent vite, les filles court vêtues et le rêve américain. Depuis la claque assénée par la découverte de Faulkner, Kerouac ou Salinger, le franc-tireur français trace sa route à tout berzingue. Y en a pas deux comme lui pour planter le décor sans chipoter sur les fioritures, tacler le point-virgule et camper d’attachantes têtes brûlées, remember 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix.

Sans les juger, à la manière d’un détective qui jouerait avec l’axe de la caméra, Djian les observe tenter leur chance pour s’en sortir, se remettre en selle, trouver leur place quitte à faire de mauvais choix et foncer dans le mur. Les aficionados boiront du petit lait rehaussé de rasades de noir bien corsé : la vibration du monde réside déjà dans un autre siège de voiture, un autre piège qui bascule vers l’arrière dans un drive-in. On tombe plus vite dans les pommes que l’argent du ciel – lequel, chez Djian demeure d’un bleu luisant, renversant, électrique. “Manquerait plus qu’il fasse moche.”

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